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Forts de notre expérience qui a conduit à la préservation de l’église Saint-Pierre de Notre-Dame-de-la-Mer, nous pensions pouvoir sans trop de difficultés sauver celle de Quelaines-Saint-Gault. Mais c’était sans compter sur l’obstination de la municipalité qui ne veut rien entendre.


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Pire, et nous n’avions encore jamais vu cela, des proches du maire viennent de lancer

une pétition en faveur de la démolition de cette pauvre église du XIe siècle, et elle enregistre déjà plus de 500 signatures.

Sauf que, même si l’église appartient à la municipalité et plus globalement à ses habitants, elle appartient avant tout à la France et à tous les français, soucieux de la sauvegarde des témoins de notre culture.

À croire que le département de la Mayenne a un problème avec le patrimoine religieux, car en 2023 c’est dans ce même département que sont tombées l’église de la Baconnière et celle de Saint-Isle. Saint-Gault sera-t-elle la 3eme à finir en gravats ?

Nous espérons que cette fois le bon sens l’emportera, car ici, il ne s’agit pas vraiment d’une affaire d’argent, puisque le montant des travaux d’urgence n’est pas très élevé, et que l’association locale est en mesure de mobiliser les donateurs, et s’il le faut, nous pourrons également mobiliser notre réseau, comme nous l’avons fait pour l’église Saint-Pierre.


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En espérant que cette nouvelle mobilisation en faveur de ce patrimoine remarquable portera ses fruits, mais en attendant saluons le travail de l’association de sauvegarde de l’église Saint-Gault et de son président Christophe Logeais, qui vous résume ci-dessous la situation actuelle, ainsi que toutes les démarches qui ont été effectuées pour tenter de sauver l'église : 

 

 

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La démolition de l’église de SAINT-

GAULT (MAYENNE) n’est pas justifiée !

 

L’association pour la sauvegarde de l’église de Saint-Gault (Commune de Quelaines-Saint-Gault), créée en2024 lutte contre un projet de démolition validé par la municipalité.

Construite au XIe et complètement restaurée aux XVIIIe et XIXe siècles, l’église de Saint-Gault présente un décor intérieur peu commun, notamment par la présence d’une tribune ornée d’un beau lambrequin de bois peint. L’église conserve son caractère sacré en ce que la pierre de consécration est toujours fixée sur l’autel et porte le sceau du cardinal SUHARD, ancien archevêque de Paris.

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Un chœur a été bâti en 1853 (architecte Rolland de Château-Gontier) ce qui donne une forme particulière à l’église en ce que le chœur est plus large que la nef. A l’occasion d’une grande campagne de restauration de 1882 à 1888, les deux cloches (pesant respectivement 350 kg et 200 kg) ont notamment été ajoutées. C’est également au milieu du XIXe siècle que le cimetière contigu à l’église a été transféré à l’extérieur du village.

 

L’église de SAINT-GAULT témoigne d'une originalité qui, à elle seule, justifie sa conservation:

 

petite certes par ses dimensions - on pourrait presque y voir une grande chapelle -, elle

présente une élégance remarquable dans ses proportions, une grande simplicité sans

affectation, une fluidité de ses lignes qui semblent toutes converger vers le ciel, un transept

unique côté Est et un chœur plus large que la nef, conforté par des piliers extérieurs aussi

simples qu'harmonieux.


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Une église délaissée pendant de nombreuses décennies

 

Les communes de SAINT-GAULT et Quelaines ont été fusionnées en 1988 formant ainsi la

commune de Quelaines-Saint-Gault. Depuis, la commune à la charge des églises de Quelaines et de Saint-Gault ainsi que de la chapelle du Pré-Guyon.

 

Contrairement à l’église de Quelaines, l’église de Saint-Gault est délaissée par la municipalité, propriétaire de l'édifice, depuis de nombreuses années. L’accès intérieur est interdit depuis les années 2010. Des réparations d’urgences sont aujourd’hui requises.

 

Actuellement, si la couverture de la nef reste dans un état convenable (au prix de la remise en place de quelques ardoises), la couverture du chevet est fortement dégradée.

Depuis décembre 2023, des barrières grillagées enserrent l’église de Saint-Gault car quelques pierres de la partie haute du chevet se sont descellées.

Cette situation a conduit le fondateur de l’Association pour l’église de Saint-Gault à tenter de

nouer un dialogue avec la municipalité afin d’obtenir l’intervention d’un couvreur.

 

Malheureusement, la commune a refusé la proposition qui lui avait été faite par le fondateur de l’association, de régler le coût d'un devis d’environ 3 250€ pour le remplacement des

ardoises manquantes du clocher et de la nef.

Dès lors, il était à craindre que la municipalité tranche en défaveur d’une conservation de

l’édifice. La démolition de l’église, et son remplacement par un jardin du souvenir, a donc été actée.

 

Constituée en juin 2024, l’association pour la sauvegarde de l’église de Saint-Gault a sans relâche sollicité la municipalité pour que toutes les solutions permettant une sauvegarde puissent être étudiées. L’association a notamment proposé de mettre à disposition les fonds

récoltés lors d’une campagne de dons pour effectuer les travaux d’urgence (près de 10 000€).

Il a été également proposé de participer conjointement à la recherche de subventions avec le soutien de la Fondation du Patrimoine afin que la commune puisse bénéficier de l’expérience et de l’incontestable réputation de cet organisme.

Or, la Fondation du Patrimoine subordonne la gestion d'un tel dossier à la signature, par la

commune propriétaire de l'ouvrage, d'une convention de délégation de maîtrise d'ouvrage.

 

Encore une fois, notre proposition est restée sans réponse.

 L’association ne pouvait imaginer la duplicité de la municipalité. En effet, l’intervention

d’une entreprise de démolition commandée par la commune en juillet 2025 a été éventée ;

ce qui a permis de lancer une campagne médiatique bloquant, au moins temporairement, le funeste projet de destruction.

 

L’Association détient la preuve que la décision politique de démolir l’édifice remonte à l’année 2023 au moins. Malgré cela, le maire n’a cessé à de multiples reprises et notamment par voie de presse, d’affirmer que rien n’était décidé dans ce dossier jusqu’en septembre 2025 !

Lors d’une réunion publique consacrée au « devenir de l’église » du 4 septembre 2025, le

maire de Quelaines, assisté d’un entrepreneur spécialisé en démolition, a présenté le projet

de destruction de l’église et son remplacement par « son jardin du souvenir » dont le coût estimé est de 130 000€ HT. La municipalité continue pourtant à affirmer qu’aucune décision n’est prise !

 

Au cours de cette même réunion, le maire de Quelaines explique qu’un seul devis de

restauration avait été commandé, et qu’aucune recherche de subvention n’avait été faite.

 

Une démolition hautement contestable

 

Sous la menace d’une démolition imminente de l’édifice, l’association pour la sauvegarde de l’église de Saint-Gault a été contrainte d’engager deux recours devant le Tribunal administratif de Nantes. Dans ce cadre, l’association a pu consulter des documents municipaux qui permettent d’affirmer que le dossier de l’église de Saint-Gault n’avait pas été conduit avec toute la rigueur requise. En effet, un comité de pilotage consacré à l’église de Saint-Gault a commencé ses travaux en 2021. L’idée d’une démolition a fait rapidement irruption dans les débats.

 

En mai 2022, une société a été mandatée par la municipalité pour réaliser une étude de

Faisabilité, visant à chiffrer une éventuelle restauration ou une démolition. Cette société est

notamment spécialisée dans les projets relatifs aux bâtiments tertiaires, industriels,

commerciaux et résidentiels. Sont également intervenus une société spécialisée en maçonnerie traditionnelle et taille de pierre ainsi qu’un entrepreneur en économie de la construction (qui n’intervient pas habituellement sur des édifices anciens).

 

 

Les conclusions de l’étude indiquent que l’édifice présentait un risque immédiat du point de vue sanitaire et structurel. Ceci est en totale contradiction avec la conclusion fournie par l’Architecte des bâtiments de France qui a visité l’église en mars 2024.

 

En effet, ce dernier a confirmé dans un courrier à l’intention de l’Association que l'église se trouvait dans un « état sanitaire et structurel suffisant » pour permettre une sauvegarde, insistant sur les travaux de « mise en sécurité et mise hors

d'eau de l'édifice ».

 

L’étude commandée par la municipalité mentionne le chiffre de 375 000€ HT (+ ou – 8%)

pour une restauration totale intérieure et extérieure.

Or, dans sa communication, la municipalité brandit le chiffre de 600 000€ voire de 800 000€ pour justifier son choix de démolir l’église !

 

Il est à noter que les entreprises de couverture qui sont intervenus à la demande de

l’Association ont indiqué que le coût de la couverture complète de la nef serait d’environ

50 000€ HT. La mise hors d’eau de l’église permettrait d’étudier sereinement un projet de

sauvegarde compatible avec les ressources financières de la commune.

Dans ces conditions, il n’est pas acceptable de valider les conclusions de la municipalité qui

s’avèrent infondées.

Une étude de faisabilité doit être conduite par un architecte du patrimoine qui serait à même de déterminer avec sérieux et précision le coût et le phasage d’une restauration. Cette étude serait également un élément incontournable pour étayer les demandes subventions.

 

 L’Association pour la sauvegarde de l’église de SAINT-GAULT sollicite l’aide de toutes les

personnes de bonne volonté, attachées au patrimoine, afin qu’elles se manifestent pour

l’église de SAINT GAULT et plus généralement pour que la problématique de l’entretien des églises rurales soit enfin considérée par les pouvoirs publics.

 

 

Association pour la sauvegarde de l’église Saint-Gault


En attendant une issue heureuse à cette triste affaire, n'oubliez pas de signer notre pétition contre la démolition des églises de France en général, et contre la démolition de l'église Saint-Gault en particulier : https://urls.fr/NNYPhF


Pour contacter l'Association pour la sauvegarde de l'église Saint-Gault :


la suivre sur les réseaux :




  • Photo du rédacteur: Urgences Patrimoine Communication et Mécénat
    Urgences Patrimoine Communication et Mécénat
  • 14 mai

Dernière mise à jour : 15 mai

Rodez est une ville charmante, que l’on associe communément à son Musée Soulages, lequel ne saurait détourner le visiteur d’une impressionnante cathédrale fortifiée du plus puissant gothique méridional, avec son clocher campanile flamboyant et la parfaite dissymétrie de sa composition. On lit même sur la tour Sud du massif occidental une curieuse inscription mentionnant les pyramides égyptiennes, qu’en est-il ? Le bâtisseur a modestement enjoint les « masses insensées des pyramides d’Egypte » de disparaître devant les « vraies merveilles du monde ». Juste ça... Alors s’il y a une cathédrale dans cette ville, il doit bien y avoir un évêché ! Là encore le diocèse de Rodez a été bien éclairé en bâtissant un palais intégré aux remparts de la cité, au 17ème siècle dans un style Louis XIII. L’évêché a quitté son palais en 2016, car son entretien lui était trop lourd. Vacant, un temps convoité pour un projet d’hôtel 5 étoiles (1), le palais épiscopal est un lieu endormi. Notons que le Conseil Départemental de l’Aveyron n’a jamais manqué à son devoir d’entretien en tant que propriétaire des lieux, depuis la Révolution.



En 2022, le Conseil Départemental, a lancé un concours à 15 millions d’euros pour réhabiliter ce palais (2). Le projet consiste à en faire une vitrine du département ouvert à tous les publics, avec des espaces muséographiques, gastronomiques, culturels... Jusqu’ici tout va bien et le lieu s’y prête. Un concours d’architecture sur un édifice aussi iconique inscrit Monument Historique a bien sûr attiré les grands noms de l’architecture et les quatre architectes finalistes étaient François Chatillon (ayant restauré le Grand Palais et actuellement en charge du Louvre), Philippe Prost Grand Prix de l’Architecture 2022, venant de remporter le concours pour le réaménagement de la Place de la Concorde à Paris, Michel Goutal (alors en charge du Louvre et du Palais de l’Elysée) et enfin le duo Atelier Novembre & Philippe Donjerkovic, moins connus mais régulièrement salués par la presse architecturale (3).


Un projet ambitieux de restauration, une émulation architecturale au-delà de la sphère locale, cela s’annonçait bien. Alors pourquoi et quand, l’engouement architectural a-t-il cédé la place à la cachotterie ? Le mot cachotterie vous étonne ? Vous étonne-t-il autant que l’absence de communication sur le projet lauréat pour un concours à 15 millions d’euros dans une ville de 30 000 habitants ? Pas d’exposition, aucune présentation du projet dans la presse locale ni publication quelconque. Simplement des articles en disant à la fois trop et pas assez dans la presse locale (4). Trop c’est l’enthousiasme apparent pour une réhabilitation ambitieuse, pas assez c’est l’absence de communication sur le contenu du projet.


Le CAUE de l’Aveyron (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) n’a pas

connaissance du projet, quiconque connaît de près ou de loin des employés du Conseil Départemental de la mairie de Rodez, de la DRAC Occitanie ou des Bâtiments de France, sait que le sujet est devenu épineux. Pourquoi ? Le permis de construire a été déposé et accepté et il peut être consulté à la mairie de Rodez. Depuis, les images du projet ont été publiées sur le site de l’architecte lauréat, l’agence Goutal et Clément (5). Par la suite, les éléments de la consultation des entreprises ont été mis en ligne (6) et ils répondent à nos deux questions : que vont-ils faire du palais épiscopal, et pourquoi le Conseil Départemental ne veut-il pas que ça se sache ?


Plusieurs éléments du projet interrogent d’emblée en consultant les images mises en ligne sur le site de l’architecte ; la bizarrerie prenant la place d’une ancienne toiture d’ardoises, c’est une verrière derrière des guirlandes de lauzes ? C’est bien ça ? L’avant-cour avec sa calade est lourdement modifiée, pourquoi ? Que devient le jardin remarquablement conservé depuis le XVIIème siècle ? Il nous est possible d’en savoir plus sur la nature des travaux envisagés puisque la consultation des entreprises

a été publiée. Après avoir téléchargé le dossier de consultation des entreprises, quelques surprises méritent d’être dévoilées tant que le permis de construire peut encore être révoqué :

- Insistons sur l’inutilité et la bizarrerie de la toiture vitrée derrière des serpentins de lauzes, cela au coeur d’un Site Patrimonial Remarquable où il est quasiment inenvisageable d’insérer un châssis de toiture. Cette intervention contemporaine consiste à remplacer une charpente en bois du XVIIème siècle et sa toiture d’ardoises par des combles vitrés, pour profiter d’un vis-à-vis à l’Est impasse Cambon, et d’apports lumineux au Nord judicieucement diminués par des lauzes suspendues par une structure métallique. Tout cela pour aménager un espace de 80m2 dans des combles, cette petite audace se confond hélas avec le ridicule...



à gauche : Image de concours - vue depuis le jardin - source : https://www.gcarchitectes.com/projets/rodez
à gauche : Image de concours - vue depuis le jardin - source : https://www.gcarchitectes.com/projets/rodez

à droite : Image de concours

- vue depuis le comble aménagé - source : https://www.gcarchitectes.com/projets/rodez

ps : la suspension de lauzes sur des cables aussi minces est techniquement impossible.

à gauche : Toiture à transformer - état actuel

à droite : dessin en élévation de la toiture vitrée avec ses guirlandes d’ardoises - source : dossier de consultation des entreprises publié sur : https://www.francemarches.com/appel-offre/13joue002295652025-2025-restructuration-palais-episcopal




- L’avant-cour est lourdement modifiée. Au lieu de restaurer la calade, le projet prévoit de créer un dallage contemporain avec des lignes obliques entre lesquelles la calade sera réinsérée. Le charme de cette calade sera rompu par l’ajout de ce dessin et de ces dalles raides. Cette idée joint l’inutile au désagréable.



Calade de l’avant-cour d’honneur - état actuel
Calade de l’avant-cour d’honneur - état actuel

Image de concours - plan projeté de l’avant-cour avec des lignes obliques
Image de concours - plan projeté de l’avant-cour avec des lignes obliques

A noter que tous les éléments de la consultation des entreprises (plans, façades, descriptif des travaux...) sont disponibles en ligne et peuvent être téléchargés gratuitement. Il suffit de créer un compte sur la plateforme de marché public :https://www.francemarches.com/appel-offre/13joue002295652025-2025-restructuration-palais-episcopal


- L’avant-cour n’est pas juste transformée au sol, on y accède désormais pas une dizaine de marches, le prix à payer pour ne pas être importuné par les personnes en fauteuil roulant, les poussettes et les personnes âgées quand vous viendrez découvrir le palais départemental.



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- Plusieurs baies à croisées de la façade sur rue sont réduites en niches minuscules sans cohérence apparente avec l’architecture démonstrative du palais. Les baies actuelles, réalisées en pierre de taille dans les années 1930 sont identiques aux baies situées à l’Est de la porte d’entrée. Ce ajout vieux d’un siècle n’est pas dévalorisant au point qu’il faudrait dépenser des dizaines de milliers d’euros pour l’effacer. Un tel sacrifice pour des petites niches est incompréhensible.



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- Dernier point : le projet prévoit de modifier le jardin en supprimant les buis formant les largeurs des quatre rectangles, l’allée centrale sera plantée et deux allées seront créées au coeur des quatre rectangles. Ce jardin ayant conservé ses quadrilatères de buis depuis le XVIIème siècle a un intérêt patrimonial et esthétique à mettre en valeur au lieu de rompre avec des siècles d’histoire. Le jardin du Palais de la Berbie (ancien Palais épiscopal d’Albi) est aujourd’hui remarquable car il met en valeur sa richesse historique.



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Notre propos ne s’oppose pas à toutes les transformations proposées, car une restauration ambitieuse implique nécéssairement des adaptations aux nouveaux usages et aux attentes évolutives de la société en matière de sécurité, d’accessibilité et de sensibilité architecturale. Par exemple la passerelle envisagée au- dessus de la porte d’entrée présente des avantages fonctionnels et elle s’intègrera bien à l’architecture du palais. Si l’ouverture au public du palais et de son jardin nous apparaît souhaitable, nous nous opposons à des interventions inutiles et peu heureuses, à savoir :


- le comble vitré et ses guirlandes d’ardoises, impliquant la démolition d’une charpente du XVIIème siècle,

- la création d’un dallage altérant la calade de l’avant-cour,

- la création d’un escalier d’entrée dans l’avant-cour d’honneur,

- la recomposition du jardin en rupture avec son caractère patrimonial,

- l’inutile effacement à grands frais des baies à croisées pour des niches dérisoires.


Ces interventions traduisent une volonté de porter l’empreinte des années 2020, en rupture avec avec le caractère architural et historique du lieu. Ces marques contemporaines seront perçues comme des balafres portées par la vanité d’un duo maîtrise d’ouvrage / maîtrise d’oeuvre. Nous sommes étonnés de découvrir le projet retenu alors que ce lieu exceptionnel peut être mis en valeur dans la continuité du caractère architectural de ce palais, de son avant-cour et de son jardin. Le projet proposé

par le duo Atelier Novembre & Atelier Donjerkovic semble constituer un bon exemple de valorisation des éléments remarquables existants. Ce projet aurait lui aussi porté la marque de notre époque, mais il tirait profit de la calade de l’avant-cour, des charpentes existantes et du jardin. Les travaux requis pour restaurer le palais et pour l’adapter à son nouvel usage muséal seront déjà nécessairement ambitieux ; faut-il absolument que la marque de notre temps se trouve dans la rupture et la vanité ?



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Plutôt que d’appuyer notre propos par des exemples de vanités architecturales ayant mal vieilli, nous préférons citer des restaurations exemplaires proches du Palais Episcopal, sensibles à la richesse architecturale et historique d’édifices remarquables.

Citons d’abord le magnifique Musée Fenailles à Rodez, aménagé dans les années 2000 par les architectes DUBOIS & AMIOT. La cage d’escalier, les fenêtres et les intérieurs de l’Hôtel Jouéry (Renaissance) ont été minutieusement restaurés et une jonction contemporaine contenant les circulations verticales liant les deux parties du musée porte la marque de son temps, dans la continuité des éléments architecturaux existants.

La restauration du Château de Bournazel avec son jardin Renaissance est célèbre en France et au-delà pour avoir magnifié et restitué la grandeur de ce lieu, avec une création contemporaine judicieusement intégrée : un auditorium de 150 places.



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Avant qu’il ne soit trop tard, nous nous opposons aux interventions lourdes et inutiles malmenant et dénaturant un lieu emblématique.

La démolition inutile d’une charpente en bon état du XVIIème siècle, c’est non !

La toiture vitrée avec des guirlandes d’ardoises, (a fartiori dans un Site Patrimonial Remarquable où cela est

strictement interdit), c’est non !

Le dallage supplantant la calade, c’est non !

L’escalier à l’entrée de l’avant-cour la rendant impraticable par les personnes à mobilité réduite, c’est non !

Le remplacement de plusieurs baies à croisées par de minuscules niches faussement anciennes, c’est

encore non !


L’effacement du caractère historique du jardin, surtout pas !

Le réglement du Site Patrimonial Remarquable et celui du Plan Local d’Urbanisme s’appliquent pour tous, y compris pour le Conseil Départemental de l’Aveyron.


Dernière mise à jour : 14 mai


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Il semblerait donc bien que la salle Napoleon à Bayonne, soit destinée à la démolition pure et simple, pour faire place à un immense bâtiment de 207 logements pour étudiants et saisonniers, entraînant dans sa chute les 2 autres bâtiments commerciaux adjacents. Les derniers bâtiments à l’architecture traditionnelle situés le long de l’Adour disparaissent peu à peu, au profit de blocs résidentiels à toits plats.



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Il reste si peu de témoignages architecturaux de l’épopée Napoléonienne à Bayonne ( classée pour mémoire ville d’Art et d’Histoire ) que l’on peut se demander pourquoi la ville ne protège pas ce dernier vestige avec un projet de réhabilitation plus en phase avec le caractère patrimonial de défense de l’Histoire qu’elle revendique. 

De plus, un tel projet, avec un nombre aussi important de logements, ne viendra que bouleverser la vie du quartier, avec des parkings et des bâtiments de grandes hauteurs.


 Le permis de construire est à l’instruction. Les habitants surveillent cela de très près, et se disent prêts à agir en justice afin de préserver un pan d’histoire de leur ville et le caractère de leur quartier, si la municipalité validait ledit permis.

Leur inquiétude est justifiée, car le projet de cette résidence étudiante est vraiment démesuré, et ils ne voient pas du tout comment il est possible d’installer 207 logements sur ces superficies !

Un précédent projet  immobilier n’avait pu obtenir de PC, alors qu’ il portait sur des surfaces de construction bien inférieures.


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Espérons que la municipalité ne validera pas ce permis, afin de permettre à ce marqueur fort de l’identité de la ville de s’inscrire dans l’avenir.


Nous avons demandé à David Chanteranne, l’un des plus grands spécialistes de l’époque napoléonienne, de nous donner son avis quant à l’importance de préserver ce patrimoine.


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David Chanteranne est historien, rédacteur en chef de la Revue du Souvenir Napoléonien, directeur des sites patrimoniaux de la ville de Rueil-Malmaison, il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur le Premier Empire et Napoléon, notamment L’insulaire. Les neuf vies de Napoléon (Le Cerf, 2015), Napoléon, Empereur de l’île d’Aix (Éditions du Trésor, 2021) et Les douze morts de Napoléon (Passés Composés, 2021, réédition Alpha poche, 2023). Il a signé, aux éditions Passés composés, Chroniques des territoires. Comment les régions ont construit la nation (2023).

 

 « Dans le contexte de la guerre qui débute dans la Péninsule ibérique en 1808, la rencontre de Bayonne d’avril, entre Napoléon, le roi Charles IV d’Espagne et son fils Ferdinand, est un moment clé. L’Empereur des Français souhaite, par tous les moyens, faire renoncer à leurs droits ses anciens alliés pour installer son propre frère, Joseph, sur le trône. Le premier à se présenter est Ferdinand, que Napoléon tente d’amadouer. Puis, précédés de Godoy qui fait office de premier ministre, Charles IV et sa femme arrivent à Bayonne le 30 avril, dans l’espoir de bénéficier du soutien du glorieux chef de guerre. La mort dans l’âme, le roi renonce à ses droits sur la couronne et en exil, s’installant successivement à Fontainebleau, Compiègne, puis Marseille et enfin à Rome après 1811 à Rome. Son fils, futur Ferdinand VII, ne met pas longtemps à se décider, les menaces étant telles qu’il ne peut qu’accepter. Il est placé en résidence chez Talleyrand, au château de Valençay. Ce double renoncement est pris comme une provocation par les Espagnols. Cette rencontre de Bayonne provoque, dès le 2 mai, l’insurrection des Madrilènes, qui refusent que les infants ne quittent à leur tour la ville. Ce sont les émeutes du « Dos » et du « Tres de mayo » que le peintre Goya peint plus tard. La guerre d’Espagne sera un échec pour Napoléon et le début d’une véritable prise de conscience européenne contre le pouvoir impérial.

 Les sites qui ont accueilli ces événements méritent d'être conservés, ils sont les souvenirs patrimoniaux de notre histoire européenne. »



À suivre...


 

 lire notre précédent article sur le même sujet :

 

 

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